dimanche 31 mai 2015

Qui peut définir ce que je suis ?

Encore cette même pression. Encore cette même déception. Je pensais que c'était enfin terminé, mais je me trompais: je ne serais à jamais qu'une source de désappointement pour mes proches. 

Pourquoi vous ne comprenez pas que ce que je veux faire est un projet sérieux ? En quoi être maquilleuse pour les effets spéciaux est un métier moins valable que coach sportif ? Je sais que c'est là ma voie, pourquoi vous ne pouvez pas me soutenir ? Comment pouvez vous savoir que ce n'est pas un métier pour moi? Avez vous déjà vu mon regard lorsque j'exécute un maquillage ? Savez vous toutes les créatures qui naissent dans ma tête, que je rêve de voir naître sur un écran ? C'est ça ma vie: transformer  un être humain en monstre, en chimère, à l'aide de silicone, de cire, de poudre, le tout sous mes doigts. Être remplie de fierté lorsque mon nom apparaît dans un générique (ce que j'ai vécu cette année... Merci à vous de m'avoir fait confiance pour faire naître la créature médicamenteuse), d'entendre "félicitations, tu as vraiment fait un beau travail ! C'est impressionnant !" . Pourquoi voulez vous que j'abandonne tout ça ? Il en est hors de question. J'ai trouvé une chose qui me rend heureuse, vous pensez pouvoir me l'arracher ? Essayez toujours, vous y perdrez vos mains. 

Vous osez dire que d'autres sont plus doués que moi, mais avez vous déjà vu ce que je fais ? Avez vous déjà réellement essayé de m'écouter parler de cette passion ? Ma vie est là, dans ces pinceaux, dans ces masques, dans cette industrie de la transformation. Je veux vivre mon rêve, même si il a un coût: j'ai toujours trop hésité à frapper du poing sur la table pour avoir ce que je voulais, et j'ai laissé échappé trop de belles choses. 

Je crois en moi, je crois en mon talent, pour mon transformer en Harley Quinn, en poupée cassée, en squelette, en zombie, en possédée, en serial killer, en créature de l'obscurité. Il n'y a pas plus difficile que d'assumer les ténèbres qui se cachent dans mon imagination, et ces études m'y aideront, en faisant naître sur papier, sur la visage d'autres mes propres monstres. 

Et si je dois vous décevoir pour réaliser mon rêve, et bien ainsi soit il. Je refuse d'avoir honte de moi maintenant.



Tout ça, j'aimerais le hurler aux gens qui tentent de me dissuader de poursuivre mon rêve. Mais je me tais à chaque fois, je ravale mes larmes, encaisse les coups, "tu as fini de t'amuser ? Il faut chercher quelque chose de sérieux maintenant". Je suis sérieuse. Et je serais ce que je dois être. Et pour ça, je prendrais autant de claques qu'il le faudra. Mais lorsqu'un jour, vous verrez mon nom au générique d'un film, j'attendrais vos excuses. Ma fierté restera intact, mon amour propre immaculé, et ma passion toujours aussi dévorante.


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