samedi 21 février 2015

Je suis allé chez un psy

Il y a une semaine, je suis allée chez un psychologue de mon centre de santé universitaire. c'était...bizarre.

Parce que depuis petite, j'ai peur des psys. Les profs m'avaient forcée à en voir une quand j'étais en primaire, parce que je ne m'ouvrais pas aux autres enfants (c'est sûr, j'avais très envie de parler avec les autres, qui me traitaient de monstre, qui me frappaient, me harcelaient,... . Non. Un animal était pour moi plus "humain" qu'un de mes camarade), et que c'est trop bizarre quand t'as 8 ans de rester cloîtrée dans ton silence à lire de gros livres plutôt que de jouer avec les autres. Stupide Société.
Et ces séances, je les ai vécu comme un abus de mon esprit. Parce que non seulement j'avais le sentiment de ne pas être normale, comme les autres, mais en plus cette idiote de psychologue scolaire analysait tout ce que je produisais de créatifs et en faisais une synthèse absolument fausse et superficielle (du genre "non, mais elle vit juste mal la naissance de sa petite sœur, son bégaiement est dû à une souffrance intérieur lié à un traumatisme, blablabla". Non mais. Ta gueule, en vrai.), et mes parents y croyaient dur comme fer. Génial.
Puis en grandissant, j'ai refusé de voir des psys. Même quand j'ai commencé à me scarifier. Même quand j'ai commencé à me faire vomir. Même quand l'Emo a abusé de moi. Même quand j'ai eu des insomnies, et des cauchemars. Enfin, pendant 3 ans, même si des gens qui me voulaient du bien me disaient d'aller voir quelqu'un, je disais que non, j'allais bien, que je n'en avais pas besoin. Alors que, putain oui, j'en ai besoin.
Depuis septembre, je me suis tellement pris de souffrances injustes, de crises, de maux aggravés, que j'ai commencé à me dire "bon, laisse ta fierté et ta peur de côté, parce que meuf, tu peux pas rester comme ça", et que j'ai demandé à une amie (Betta, merci infiniment) de m'accompagner pour que je prenne rendez-vous, sinon j'allais jamais le faire.

Donc le mercredi matin, je me suis réveillée avant mon homonyme, et j'ai attendu Saurus pour aller à ce fameux rendez-vous qui me glaçait l'estomac depuis plusieurs jours (surtout que bon... retomber dans les scarifications la veille de la première séance, c'est moyen). Et puis l'attente. Je sentais le stress monter, la nausée au creux de la gorge, la peur qui paralysait mes jambes. Enfin, la porte s'est ouverte, et je suis entrée dans une salle blanche, qui puait l'antiseptique, seule avec le psy. La première question "pourquoi êtes-vous venue ici?" m'a gelé le cerveau. Parce que j'ai besoin d'aide. Parce que je me sens mal. Parce que j'en ai marre de faire semblant d'aller bien, de sourire à mes proches, et de les ennuyer avec mes problèmes. Parce que je crois avoir des problèmes.

Je ne vais pas raconter la séance entière, mais... je suis contente d'y être allée. J'ai encore des séances à faire, mais le travail sur moi-même est commencé, grâce à ce pas que j'ai franchi. Et je suis fière de moi (pour l'instant, mais à ce niveau là seulement), et peut-être que je grandirais enfin. Je sais que la guérison est loin mais je veux surtout savoir de quoi je "souffre", mettre des mots sur ce que je ressens. Parce que connaître son ennemi permet de l'éliminer.

dimanche 8 février 2015

Welcome to my world

C'est un secret pour personne: je ne me suis jamais sentie à l'aise avec les autres. Que ce soit ma famille, mes amis, ou de simples camarades de classe: j'ai toujours ressentie un décalage entre moi et les autres. Ma mère disait que c'était parce que j'étais plus mature et intelligente, moi je savais que c'était parce que j'étais différente. Et je le vivais mal: même en ayant des points communs ou des sujets de discussions, il suffisait d'un rien pour creuser à nouveau le fossé entre le reste de l'humanité et mon individualité. Et c'était blessant.

Et puis récemment, il y a eu quelqu'un, que je nommerais pas, qui est venu dans ma vie, et m'a forcé à entrer dans son monde. Cette personne m'a ouvert une porte dirigeant vers un autre type de personne, d'autres musiques (Death metal, Black metal, PostCore, ect. Mais si, tu sais les musiques qui te donnent la migraine si tu n'aimes pas.), d'autres endroits, un autre mode de vie. Et j'ai commencé à sentir un changement. Je ne suis plus blasée dès que je parle à d'autres personnes, je les écoute, et ils m'intéressent. Surtout lui. Surtout Saurus (mince, j'ai dit que je le nommerais pas. Bon. Tant pis.). Ses musiques violentes, barrées, me font du bien, me mettent en transe. Et hier, je suis entrée pour la première fois dans une salle de concert pour groupes ne jouant que ce genre de musique (pour être précise, c'était du postCore). Je ne vais pas mentir: je me suis sentie franchement mal à l'aise au départ: trop de vie, de référence que je n'avais pas, de personnes ayant confiance en elle, et qui savait ce qu'elles voulaient. Je me suis sentie étrangère. Étrange. Dans un monde pourtant fait pour une personne de mon genre (tu vois la nana alternative (qui oscille entre gothique, emo, rock, punk et d'autres looks absolument pas ordinaires) au fond de ta classe, dans le tram/le bus, dans la rue, qui détonne avec ses cheveux bleus, et qui marche les yeux baissés sur ses Doc Martens? Ben c'est moi), j'ai à nouveau eu l'impression d'être un monstre de foire. Et le premier groupe a commencé à jouer. Saurus m'a prit par la main, et m'a amené tout devant, au premier rang. Et là... Le rythme de la batterie, les guitares, les voix des deux chanteurs que dégueulaient les enceintes m'ont pénétrés d'un coup, m'ont fait vibrer des pieds à la tête, et je me suis sentie bien, m'échapper presque de mon corps. Et au fur et à mesure de la soirée, des musiques, des groupes, je me suis sentie comme toutes ces personnes autour de moi, allant jusqu'à m'oublier totalement et bouger, sauter, crier, headbanger (j'ai encore des courbatures d'ailleurs) comme si j'étais quelqu'un d'autre. Une transe, c'est ça. Je suis même allé jusqu'à attraper quelqu'un par les épaules pour une ligne de headbang, dans un élan de fraternité et de  camaraderie . J'étais totalement hors de mon corps, hors de ma vie, hors de mon moi, presque hors de contrôle. Une seule chose me maintenait dans le réel: la main et les yeux de Saurus, qui s'attardait dans les miens entre chaque morceau. A la fin du concert, j'étais morte physiquement, mais je me sentais plus vivante que jamais.
Alors non, je ne sais toujours pas qui je suis, où je vais, avec qui. Mais j'emmerde ce destin. Je vis ces moments dans ce bar, dans l'appartement de Saurus comme les plus précieux de mon existence, car ce sont les seuls qui parviennent encore à me faire me sentir vivante. J'y laisserais peut-être ma santé, physique ou mentale, mais peu importe: je deviens un papillon nocturne, ténébreux, toujours aussi éphémère.